Logo coeur de villePartir des besoins d’un écosystème local pour bâtir des solutions innovantes, dans le contexte de la digitalisation des services aux citoyens et des services financiers. Telle est la vocation ambitieuse du projet cœur de ville, initié par CB en 2019 en premier lieu dans la ville de Vichy, avant une déclinaison dans d’autres territoires.

Entretien avec Hélène Roudaire, responsable d’unité moyens de paiement, Crédit Agricole Centre France, qui a piloté le projet à l’échelle locale.

Hélène Roudaire
Hélène Roudaire

Comment est né le projet de digitalisation du commerce dans la ville ?

La genèse du projet est partie de CB. Cette organisation nous a ainsi contactée avec une approche méthodologique structurée, en sachant qu’elle nécessitait un territoire pour appliquer, sur le terrain, un concept défini d’un point de vue théorique à l’échelle du siège.

Comment se matérialise-t-il dans les faits ?

CB a pris contact avec la filiale paiement du Crédit Agricole par l’intermédiaire de Xavier Vaslin qui a ensuite pris contact avec moi à la fin de l’année pour présenter ce projet cœur de ville sur lequel nous avons été par conséquent la caisse régionale pilote. La première phase du projet est l’identification de la ville pilote sur notre territoire. C’est à cette étape que se situe le projet. Vichy nous est apparue comme une très belle candidate. Nous avons donc approché les commerciaux sur cette ville et avons amorcé les choses. Rappelons que ce projet cœur de ville est ficelé, dans son architecture, avec près de 220 villes ayant été identifiées. Cela constitue un terrain favorable aux start-ups qui vont pouvoir tester leurs solutions en fonction des besoins des commerçants. Dans la zone de Vichy, par exemple, les besoins identifiés portent sur la diminution du coût du stationnement, le développement de la mobilité, etc. Ces irritants ne sont pas forcément duplicables dans d’autres zones. C’est là toute la richesse du projet cœur de ville : un projet qui se veut à l’écoute des besoins des commerçants.

Quels investissements avez-vous dû réaliser pour mener à bien ce projet ?

Essentiellement un investissement en temps homme puisque la caisse régionale du Crédit Agricole apparaît ici comme un facilitateur et un tiers de confiance sur l’apport de solutions dans un écosystème local. L’objectif est de simplifier la relation entre la région et des start-ups qui ont été sélectionnées par un cabinet spécialisé (U change) dans la transformation digitale et qui sont par conséquent solides et disposent d’un système éprouvé.

Quid de votre politique d’accompagnement des collaborateurs ?

J’ai d’abord été seule à travailler sur ce projet. Dans la phase de mise en application, d’autres équipes de la Caisse Régionale seront mobilisées : les équipes Collectivités Publiques, les commerciaux en agence, ou encore le service communication.

Quels types de partenariats avec-vous menés ?

Le partenariat central sur ce projet est celui entre la ville, CB, U change et le Crédit Agricole. Nous n’excluons pas d’autres collaborations avec des commerçants locaux ou des acteurs de la ville mais cela se fera au cas par cas et je n’ai pas encore d’informations sur la façon dont cela pourrait se matérialiser.

Quid des prochaines étapes ? Ce projet serait-il duplicable dans d’autres villes ?

Le projet n’a pas été conduit sur Vichy. Nous envisageons néanmoins de le déployer sur d’autres villes. Je suis en effet convaincue que cette démarche peut intéresser toutes les villes qui s’interrogent sur la redynamisation des cœurs de ville, d’autant plus qu’il s’agit d’un projet co-construit. En effet, ce projet repose sur le recueil des besoins du terrain et, même si chaque ville a des besoins différents, toutes les villes sont susceptibles d’être intéressées à la redynamisation du cœur de ville. Les villes n’ont certes pas la même maturité, ni les mêmes priorités mais un sujet les relie : la revitalisation des commerces du centre-ville. Il reste néanmoins difficile de faire coïncider des mondes qui avancent à des vitesses et avec des préoccupations très différentes : celui des start-ups, qui fonctionne sur l’instantanéité et celui de la sphère publique qui raisonne davantage sur le moyen/long terme. Le succès du projet repose sur l’engagement des acteurs sur le terrain, tant du côté des collectivités publiques que des acteurs privés.

D’un point de vue prospectif, comment analysez-vous l’impact de la digitalisation du commerce dans la redynamisation des centres villes et l’essor des « smart cities » ?

Le digital, et plus généralement tout ce qui peut faciliter le paiement chez le commerçant, le parcours d’achat, la découverte des produits, l’encaissement ou encore le reporting, constitue un atout. De ce fait, toutes les technologies prospectives du type intelligence artificielle ou encore blockchain, susceptibles d’améliorer ces techniques, sont bien évidemment perçues comme des opportunités. Ce volet prospectif est porté par la filiale du groupe avec le relais sur le terrain des caisses régionales.